Dans ce lieu-dit situé sur les limites communales de Grandfontaine, de Schirmeck et de La Broque, l’industrie sidérurgique est née de la richesse des gisements métallifères qu’abritaient les montagnes. L’exploitation de mines de fer dès le XIIIe siècle puis la transformation de ce métal fondamental dans de puissantes forges constituèrent l'activité principale du territoire durant des siècles, construisant ainsi sa renommée dans toute l'Europe. 

Comme une consécration de cette aventure industrielle quasi-millénaire, le Laminoir de Framont fut édifié en réponse aux besoins économiques du XIXe siècle, au cœur d'un complexe industriel « hallucinant » (FLUCK Pierre, Les belles fabriques, un patrimoine pour l'Alsace, Do Betzinger, Colmar, 2002, 255 p.).
La grande halle du Laminoir, construit par l'industriel Champy en 1830, abritait alors des machines, appelés laminoirs, destinés à fabriquer des tôles et barres de fer à partir du fer issu des mines locales. A cette époque, l'industriel se fait construire un château à Vacquenoux, hameau situé en contre-bas du Laminoir. Mais l'activité, essentielle dans le phénomène d'industrialisation que connaît alors la France, ne va pourtant pas perdurer.

Dans les années 1850, un autre bâtiment attenant au Laminoir est construit : le bâtiment des sels de soude. L'idée est alors de diversifier la production périclitant en investissant dans la fabrication de produits chimiques (sulfates produits à partir de la pyrite, minerai jusqu'alors délaissé dans les mines). 
Cette tentative de reconversion échoue, et à partir de cette époque, les bâtiments ne cessent d'être reconvertis, abritant d'abord une Grosse Quincaillerie puis une Fabrique de pâte à bois, en passant par une Fabrique de verres de montres... Pour finir par accueillir le Musée de la 2cv et le premier tennis couvert d'Alsace à la fin du XXe siècle. 

De cette riche histoire, de ces siècles d’activité, de cette tradition minière dans le bruit des marteaux et la fumée des forges, il ne subsiste presque rien. Les entrées de mines se sont éboulées, le château de Vacquenoux et les ateliers des forges ont été détruits. La maison du Maître des forges Champy, globalement conservée dans son état d'origine, a quant à elle été reconvertie en brasserie artisanale.
Le Laminoir de Framont, seul bâtiment de production subsistant mais menaçant ruine, est donc le dernier témoin des forges séculaires de Framont. 

Ce patrimoine enfoui, peu visible derrière les ronces et le lierre, persiste cependant et mérite une véritable mise en valeur. 

Depuis l'abandon des bâtiments dans les années 2000, le site ne cesse de se dégrader. La nature environnante, les conditions climatiques ainsi que les dégradations humaines détériorent chaque jour un peu plus le Laminoir. A cette situation complexe s'est récemment ajouté un événement tragique : un incendie criminel. 
 

Le matin du 15 septembre, avant l'ouverture de la première Fête des Forges ayant lieu sur le site, des camions de pompiers intervenaient sur le Laminoir : un incendie s'était déclaré la nuit même dans l'un des deux bâtiments du site. Lors du sinistre, l'intégralité de la charpente du bâtiment le plus ancien, communément appelé "la grande halle", a été réduit en cendres. Malgré cette nouvelle, la Fête a pu avoir lieu en toute sécurité et dans une ambiance conviviale. 

Cet événement ne fait qu'appuyer l'urgence dans laquelle se trouve le Laminoir. 

Sans intervention rapide et efficace, le site risque de définitivement disparaître, et avec lui, tout un pan de l'histoire de la vallée de la Bruche. Depuis des mois, l'association fait tout son possible pour alerter les collectivités, des services régionaux comme la DRAC et prendre contact avec des associations et personnes qualifiées pour trouver conseil. Conclusion : pour pouvoir agir de manière concrète dans le sauvetage du Laminoir, l'association Lamineur devrait accéder à la propriété du site.

Si nous sommes tout à fait prêts à nous investir dans un projet de valorisation de ce site exceptionnel,  nous ne pourrons pas nous y engager seuls, sans soutien de la part des collectivités et autres acteurs locaux.

Ainsi, chaque soutien compte et nous fait avancer !

Photographies : 
- Le Laminoir de Framont, bâtiment des sels de soude et cheminée, F. Magar.
- Façade du bâtiment des sels de soude, M. Frank.